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Les 50 ans de l’Opéra

Cet hiver, en décembre, nous avons eu la chance d’aller dans les coulisses de l’Opéra de Rouen mais pas en simples visiteurs … Pas du tout … En véritable acteurs !

Tandis que nous attendions notre guide, un homme costumé hurlait à qui voulait l’entendre «  …., l’avez-vous vue ? » et il nous a entraînés dans sa course folle car il avait vraiment besoin de nous pour retrouver au plus vite sa soeur, enlevée par la vilaine sorcière …

 Notre premier opéra

 A dix ans, on peut le dire, nous avons participé à notre premier opéra.

Le 29 janvier 2013, l’Opéra de Rouen faisait salle comble avec tous les écoliers qui se sont retrouvés pour chanter « l’Enlèvement au Sérail » de Mozart.

Après de nombreuses répétitions en classe, nous connaissions les mélodies et les paroles par coeur. Le jour J … un peu de trac quand même …

Dans la fosse, les musiciens et le chef d’orchestre, sur la scène les acteurs et chanteurs d’opéra, dans la salle tous les enfants qui – au signal du chef d’orchestre – devaient chanter les extraits appris en classe … Ce fut un moment extraordinaire !

 Des musiciens dans la classe

 Oui, ils sont venus, les musiciens de l’Opéra – violoniste et violoncelliste – pour nous présenter le concert que nous allions écouter après les vacances de février. Grâce à leur passion et leur talent, avec chaque morceau de musique, nous avons imaginé des histoires … en voici une.

 Voyage mystérieux

 J’aime aller chez ma Tante Lou. Elle a une grande maison avec un grand jardin. Et à chaque fois, elle invite tous les cousins, alors je peux vous dire que c’est une vraie fanfare !!! Maurice Ravel, Fanfare pour l’éventail de Jeanne.

 Aujourd’hui nous sommes arrivés un peu avant tout le monde alors elle m’a emmené tout en haut de la maison, dans sa bibliothèque car Tante Lou sait que j’aime les histoires. Elle sait que j’aime lire et elle sait aussi que j’aime quand elle me les raconte car avec elle, les histoires sont extraordinaires et elles ne se finissent jamais….

Elle a ouvert la porte et là j’ai vu son immense bibliothèque avec des dizaines de livres : certains ont une couverture en cuir avec des lettres gravées à l’or fin, d’autres sont épais mais quand on tourne les pages on sent un papier si fin qu’il doit falloir des mois pour lire toute l’histoire, d’autres sont …. MAIS qu’est-ce que c’est ? Je me baisse, je mets mes mains sur ma tête pour me protéger. « Tante Lou, tu as vu ça ? C’est quoi ce truc énorme, bleuté qui vient de passer ? Mais on dirait un livre ! » . Albert Roussel, Concert pour petit orchestre : 1. Allegro – 2. Andante – 3. Presto

 Je m’approche et me voilà aspiré par ce livre magique mais je n’ai pas peur car une musique joyeuse m’accompagne et me voilà si léger : suis-je un oiseau qui vole dans les airs ? Suis-je un poisson dans l’océan ? Suis-je un nuage ?

 

Je ne sais pas mais au loin apparaît le soleil et j’atterris doucement dans une ville inconnue. Je marche dans une ruelle sombre, les maisons sont en terre avec des petites fenêtres, c’est sans doute pour se protéger de la chaleur car déjà ce matin, il fait chaud. J’arrive sur une place bruyante, elle grouille de monde, c’est le marché. Là, les marchands vendent des épices qui sentent fort, à côté c’est un marchand de soie aux couleurs chatoyantes, plus loin c’est un marchand de poules.

Mais j’entends une musique qui semble s’approcher, que se passe-t-il ? Tout le monde quitte la place, c’est peut-être une fête ? J’aperçois les musiciens qui passent en procession suivis de cavaliers en tenue d’apparat et enfin portés par dix hommes, le Pacha : il a un turban rouge en soie sur ses cheveux et il porte un pantalon bouffant orange, un boléro orange brodé d’or et des babouches blanches. Il salue le peuple et je vois qu’à chaque doigt, il porte une bague sertie de pierres précieuses. Par respect, le peuple s’incline sur son passage. Moi aussi. André Caplet (extrait de la Suite persane)

 Mais au fur et à mesure que je me baisse, je me sens devenir si léger que je m’envole, la musique orientale s’éloigne laissant place à une musique qui me fait survoler des forêts. C’est alors le crépuscule et sous mes yeux les animaux paisibles sortent de leur cachette. Ils ne me voient pas, ils n’ont pas peur.

Tiens un cerf, je comprends pourquoi je n’en ai jamais vu : ses bois se confondent réellement avec les branches et son pelage est de la couleur des troncs. Et là un écureuil : quelle agilité et avec quelle rapidité il saute d’une branche à l’autre. C’est quoi cette odeur, c’est vraiment désagréable …. Ah des sangliers ! Ils labourent la terre, plus rien ne pousse derrière eux. . Maurice Ravel, Le Tombeau de Couperin : 1. Prélude – 2. Forlane – 3. Menuet – 4. Rigaudon

 

Mais que se passe-t-il ? Je n’arrive plus à voler, je tombe dans cette terre boueuse, je m’enfonce et la musique devient angoissante …. Où suis-je ? … Il y a quelqu’un ? …. Au secours ! J’essaie de respirer mais j’ai du mal, je crie … MAMAN, viens, je suis là ! mais elle ne m’entend pas. Charles Ives, The Unanswered Question

 Et je glisse, je glisse toujours et je me heurte à un mur, ma tête me fait mal comme si une grosse caisse résonnait près de mes oreilles, encore un coup comme un gong, j’ai la tête lourde mais enfin une voix familière me parle. Maurice Ravel, Fanfare pour l’éventail de Jeanne

 « Alors mon garçon, il t’a plu ce livre ? »

« Oui Tante Lou », j’ai du mal à trouver des mots pour expliquer ce qui vient de m’arriver.

« Tu viens Pierrot, tes cousins sont arrivés et ils te cherchent »